Comment nous chaufferons-nous en 2050 à Bruxelles ?

À l’heure de la transition énergétique, de la décarbonation progressive de nos sources d’énergie et de la flambée des prix du gaz naturel, la question mérite certainement d’être posée ! À défaut de disposer d’une machine à voyager dans le temps, Sibelga examine les scénarios possibles. Une étude sur le rôle que l’hydrogène pourrait jouer dans la transition énergétique bruxelloise vient d’être bouclée.

En tant que gestionnaire des réseaux de gaz et d’électricité, notre mission est d’assurer un accès fiable et de qualité à l’énergie à l’ensemble des clients bruxellois. Mais nous tenons aussi à être partenaires d’une transition énergétique accessible et abordable pour tous, y compris les clients précarisés. 

Pour y parvenir, il est essentiel d’explorer dès aujourd’hui les évolutions technologiques qui s’annoncent. Ainsi, nous disposerons d’une vision à 360° des options possibles et des informations-clé pour poser les choix les plus judicieux au bénéfice de tous, en tenant compte des dimensions techniques, économiques et sociales.

Depuis quelque temps, l’hydrogène fait beaucoup parler de lui ! Le développement de ce vecteur énergétique fait d’ailleurs partie des priorités de l’Union européenne. Même si l’industrie et le transport lourd sont les premiers concernés, l’hydrogène présente aussi pas mal d’atouts qui valent la peine que le secteur de la distribution d’énergie s’y intéresse. C’est pourquoi Sibelga a mené une étude sur son potentiel d’utilisation à Bruxelles. Ses résultats viennent d’être finalisés.

De l’hydrogène vert pour se chauffer ?

Contrairement au gaz naturel, l’hydrogène gazeux ne s’extrait pas de gisements : ce gaz est fabriqué. La forme qui nous intéresse, l’hydrogène vert, est obtenue en brisant des molécules d’eau à partir d’électricité verte (électrolyse).

Cet hydrogène vert est intéressant à plus d’un titre : il stimule la production d’électricité verte, en ouvrant une nouvelle possibilité de la valoriser. Sous sa forme gazeuse, l’hydrogène permet de stocker de l’énergie renouvelable. Enfin, l’hydrogène, comme le gaz naturel, peut théoriquement alimenter aussi une installation de chauffage.  

Une étude pour y voir plus clair

Tout ça, c’est encore de la théorie. En effet, à l’heure actuelle, les réseaux de distribution alimentés en hydrogène en sont encore au stade expérimental et de nombreuses questions se posent encore. 

Dans l’étude réalisée pour Sibelga par SWECO et Deloitte, deux grandes questions ont été explorées :

1.    Quel rôle l’hydrogène pourrait-il jouer à l’avenir pour répondre aux besoins de chauffage des clients bruxellois
2.    Le réseau de distribution de gaz bruxellois est-il en mesure de distribuer de l’hydrogène ?

Les résultats confirment que l’hydrogène pourrait être une solution envisageable pour répondre à une partie des besoins en chauffage des clients bruxellois à l’avenir.
Quant au réseau, il ressort de cette première étude que la majorité des conduites de gaz  permettraient le passage d’hydrogène. 
Dans un second temps, Sibelga mènera des analyses complémentaires sur la compatibilité complète du réseau. 

La rénovation du bâti : un élément déterminant

L’étude le souligne : la rénovation du parc immobilier est une variable clé. Elle influence fortement les scénarios de transition du chauffage à Bruxelles. En effet, si le bâti bruxellois est très bien isolé à l’horizon 2050, une électrification massive du chauffage (via par exemple des pompes à chaleur air/sol) est considérée comme la solution la plus efficace d’un point de vue économique et technique pour la majorité des Bruxellois.

En revanche, chauffer à l’électricité des bâtiments insuffisamment isolés impliquerait des factures élevées pour les clients. D’autre part, cela nécessiterait des coûts de renforcements du réseau d’électricité additionnels pour répondre à ces nouveaux besoins énergétiques couverts aujourd’hui par le réseau de gaz. 

Privilégier un mix énergétique diversifié

Il est donc important d’identifier des solutions de chauffage abordables, également non électriques, pour le bâti insuffisamment performant énergétiquement qui subsisterait encore en 2050. L’hydrogène pourrait être une des solutions possibles, à condition qu’il soit disponible en quantité suffisante à un prix abordable, et que le réseau de gaz puisse être utilisé en toute sécurité pour sa distribution.

Alors, l’hydrogène jouera-t-il un rôle plus ou moins important dans le Bruxelles de demain ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer aujourd’hui. En revanche, une chose est sûre : cette piste mérite d’être explorée, au même titre que d’autres options. Il ne s’agit pas pour Sibelga de privilégier l’une ou l’autre solution, mais de garder l’œil sur toutes les possibilités pour assurer une transition énergétique inclusive en intégrant tous les impacts sur les clients et les réseaux. 

À suivre…

Pour continuer de creuser la question et de répondre aux questions techniques et opérationnelles qui subsistent, un living lab, va être déployé à Forest pour développer un centre d’expertise hydrogène. Des recherches sur les applications pratiques de l’hydrogène y seront menées en collaboration avec Fluxys et plusieurs universités (l’ULB, l’UMons et la VUB).